Traversé Tauranga – Tubuaï : Un océan pas très pacifique
11 mois après avoir quitté la Nouvelle-Zélande et Tauranga, je suis de retour à Sulphur Point prêt à embarquer pour les îles du Pacifiques. Après 1 mois et demi de préparation et un faux départ du à une météo évoluant défavorablement nous voilà prêt à emboîter le pas d’une dépression situé bien nord et se déplacement lentement.
17/05/2012 Jour 1 (0 miles – : S 37°36 – E 176°10 )
Record de température à la sortie du duvet ! Avec 8°C il est vraiment temps de partir.
Le bateau
et son équipage
de gauche à droite Thomas, moi, Dominique (le Cap’taine) et Peter
sont prêt à quitter la Nouvelle-Zélande. Et tout le monde est largement souriant… Pour le moment…
L’ancre est levée du chenal et le drapeau des All-Black claque dans les haubans.
Le top départ à lieu à 14 heures avec le passage de la bouée A à la sortie de la baie. Le vent d’ouest 10 nœuds la mer plate permettent de sortir la grand voile avec 1 ris et le génois entièrement déroulé.
Comme la destination finale n’est pas tranchée, le cap est mis au nord-est en laissant Mayor Island à bâbord,
en plus la route nord nous assure des températures plus clémentes.
L’ambiance est détendue, le capitaine pars à la chasse aux dernières trace de réseaux mobile sur les barres de flèche.
A la tombé de la nuit, le vent s’oriente au sud-ouest et augmente autour de 20 nœuds. On tarde un peu à réduire et la manœuvre est un peu sportive. La grand-voile est affalé et le génois roulé à moitié. On marche toujours a 7 nœuds.
Premier repas en mer, je profite de mon estomac pas encore amariné pour prendre mon repas au quart, à l’air frais en vérité. La nuit est calme avec un vent de sud-ouest de 15 nœuds et une houle de 1 mètre max. Juste deux bateaux de transport croisés. Déjà l’option nord est payante, au matin la température a doublé par rapport à Tauranga.
18/05 – Jour 2 (198 miles – S 35°17 E 179°03)
A cours de 24 heures 198 miles sont mis dans la poche. Beveridge Reef semble revenir souvent comme point de chute pour jouer les Robinsons, mais la fenêtre météo nous autorisant à faire de l’est autour des 30° de latitude nous lorgnons avec insistance vers les Australes et plus particulièrement Tubuaï. La décision n’est pas encore prise donc on continu en position intermédiaire au Nord-est.
Le vent reste de secteur sud-ouest mais forci autour de 20-30 nœuds pour une houle de 3 mètres. Quelques jolis surfs au programme.
Une journée agréable entrecoupée de sieste réparatrice.
19/05 – Jour 3 (191 miles – S 33°21 – W 177°49)
La nuit s’écoule au rythme de petits nuages, parfois accompagnés de quelques pluies, venant troubler la tranquillité des quarts. L’orientation du vent reste la même, autour de 15/20 nœuds et des vagues de 2 mètres. Puis forcit autour de 25/30 nœuds dans l’après midi, les vagues atteignent maintenant 4 mètres.
Un bateau de commerce apparaît à la tombé de la nuit derrière nous à l’horizon. On essaye de prendre contact à la VHF mais pas de réponse. Au bout de 2 heures on se retrouve dans son sillage. Ce sera la dernière trace humaine jusqu’à notre arrivé…
Autre fait marquant, on a passé l’antiméridien, la journée se poursuit donc hier. Les cerveaux lâchent prise. On restera à l’heure Néo-Zélandaise.
20/05 – jour 4 (165 miles – S 31°18 – W 175°43)
J’aime bien le dernier quart de nuit, il permet de profiter du lever de soleil. Ce matin j’ai droit à la double récompense, une petite dizaine de dauphins vient me saluer de bon matin, mais que viennent t-il faire si loin des côtes. D’ailleurs que viennent faire les deux poissons volant récoltés sur le filet. Enfin eux, je sais ou ils finiront : dans le sandwich du midi.
Les envies de chacun sur la destination sont comparées aux prévisions météo. Personne ne semble pressé d’arriver et la dépression que nous suivons ce déplace lentement. Elle nous permet ainsi de profiter de vents portants. Même si la situation n’est pas clair pour l’arrivé (on risque d’avoir un peu de près), tout le monde est d’accord pour rejoindre Tubuaï.
On empanne à midi pour faire route à l’est direction les îles polynésiennes.
L’éolienne produit des sons louches. Elle est démontée pour une révision complète. Après 3 heures la tête dans la mécanique sans être nauséeux, je me considère amariné.
21/05 – Jour 5 (182 miles – S 31°12 – W 172°09)
Le vent est toujours orienté de Sud-ouest autour de 15 nœuds avec une mer autour de 3 mètres venant du sud. La conclusion est faite que l’on est mieux là que plus bas. ca doit souffler fort au sud au vu de la houle qui nous arrive dessus. Pas mal de grain sous lesquels le vent vari en force et en direction nous oblige à être attentif.
Malgré tout, notre position dans le système météo nous convient, la fenêtre était la bonne. L’éolienne est prête à être remonté mais la houle rend la manœuvre trop périlleuse.
22/05 – jour 6 (185 miles – S 30°29 – W 169°47)
Le vent garde son orientation sud-ouest autour de 15/20 nœuds. Le temps est nuageux. Tout le monde est amariné, la vie en mer s’installe dans un rythme de croisière fort agréable. Le temps est pris pour cuisiner, bouquiner ou juste contempler.
Depuis le départ nous somme suivit par des oiseaux et notamment des albatros.
Il y en aura trois au maximum. Après la frustration de la colonie interdite d’accès de la presqu’île d’Otago (voir article) ici l’observation est à la discrétion de l’observé. De véritables B52 avec la grâce d’une danseuse étoile. Il faut les voir tourner autour du bateau comme si on été à l’arrêt le tout sans battre des ailes. Personnellement le vol de l’albatros occupe une grande partie de mes journées
23/05 – jour 7 (198 miles – S 29°41 – W 164°58)
La nuit est une succession de grain sous lesquels le vent varie en force et en direction de plus de 30°, il faut être vigilant. Je me fais surprendre par un qui ne semblait pas trop noir ni trop gros… Dedans il y avait 45 nœuds de vent et de la grêle. Plein vent arrière dans un surf le pilote décroche et le génois empanne. Après analyse des instruments la vitesse max enregistrée est de 16.8 nœuds…
Toute la journée les grains se succèdent, le pilote automatique à droit à une après midi de repos, je prends le relais et barre en slalomant entre les grains. Le vent est toujours de secteur sud-est d’une bonne vingtaine de nœuds.
En début de nuit le vent perd un peu en intensité 10-15 nœuds et s’oriente au sud sud-ouest.
24/05 – Jour 8 (168 miles – S 29°04 – W 161°40)
La nuit a été calme avec des vents de sud sud-ouest au tour de 10 et un ciel étoilé loin de toute pollution lumineuse.
La matinée est également calme et une nouvelle fois propice à la contemplation, d’ailleurs à mis journée le compteur de mile sans récent avec un records de lenteur pour la journée.
Un dernier l’albatros assure notre escorte malgré les latitudes inférieures à 30° (limite théorique de présence… Encore un qui connait rien à la science).
La carte météo des prévisions à 72 heures est prise en fin d’après midi et elle montre la formation d’une dépression tropicale au dessus de Rarotonga (îles Cook). Elle ne pouvait pas être plus mal plaçait. Pour rejoindre Tubuaï, au mieux on va finir avec des vents fort dans le nez, au pire, la dépression se transforme en cyclone et pars dans l’est sans descendre au sud…
Au final nous n’avons pas beaucoup de choix. Il faut atteindre Tubuaï au plus tôt en résistant à la tentation de la route directe et gagner au maximum dans l’est avant que le vent refuse et s’oriente à l’est puis au nord-est (directement sur la route).
25/05 – Jour 9 (212 Miles – S 28°37 – W 157°42)
Je prends mon quart à minuit, le vent a diminué et l’épée Damoclès météorologique incite à envoyer de la toile. La grande voile est hissée à 1 ris et le génois est entièrement déroulé. La manœuvre est réalisé par Dominique et moi et au cours de ces 45 minutes, j’ai fait le plein de chaleur pour le quart.
L’ambiance change radicalement, On s’applique à faire avancer le bateau vite. L’impact est immédiat, sur 12 heures la moyenne de 10 nœuds est tenue.
Le vent varie entre 10 et 15 nœuds au cours de la journée avec une houle de 1 à 1,5 mètre. Les conditions sont propices à faire route à l’est, On se trouve à 427 miles de Tubuaï… en route directe.
26/06 – Jour 10 (240 Miles – S 27°00 – W 153°41)
Cette nuit les étoiles sont de sortie ! J’en ai bien profité, car il est clair dans nos têtes que s’est la dernière nuit sans nuage avant l’arrivée.
Le pointage de 14 heures indique 243 miles, malgré les vents légers (10 à 15 nœuds) la moyenne de 10 nœuds par 24 heures est tenue.
Toute l’après midi le vent forci et la mer grossi avec une houle courte. On réduit la toile pour finir en début de nuit 3 ris dans la grande voile et la trinquette. Toute la panoplie de gros temps est sortie. Ca tape fort, Le vent est établi autour de 30 nœuds et on progresse au pré/ bon plein.
Il n’est plus possible d’abandonner la barre, il faut en permanence agir sur le pilote afin de limiter la vitesse en adaptant le cap. L’organisation des quarts évolue, la durée passe de 2h30 à 5 heures et sont fait en binômes et les deux personnes de repos doivent être prêtes à intervenir.
Entre le sifflement des dérives et les états de semi apesanteur à chaque saut de vagues, les cabines avant sont devenues inhabitable. Thomas et moi migrons à l’arrière espérant trouver du sommeil réparateur.
27/05 – Jour 11 (175 miles – 26°15 – W 152°40)
Thomas et moi prenons notre quart à 2 heures du matin. Le vent est toujours aussi fort (sinon plus). Les consignes sont passées, trouver le point d’équilibre vitesse et angle par rapport aux vagues pour un « confort optimal ». Il faut en fait éviter que le bateau retombe derrière les vagues tout en évitant qu’il passe à travers… Entre la nuit sans lune, la couverture nuageuse et la mer démonté, autant dire que la navigation se fait à l’aveugle.
Ca fait 10 jours que nous progressons vers le soleil levant et s’est vers 4 heures l’aube pointe, nous offrant une vu du champ de bataille… La mer est monstrueuse et dans tout les sens. Quelques vagues plus grosses passent déclenchant des commentaires du genre : « Putain mec ! C’est énorme !
Les cartes météo fraîchement reçu confirment quand poursuivant cette route le vent devrait refuser et diminuer en puissance. Mais en attendant il continu de forcir. Il devient de plus en plus dur de ralentir le bateau et on souffre avec lui à chaque passage de vague. La trinquette est de trop. Elle est roulée et le moteur tribord est démarré pour maintenir le cap.
Les manœuvres sont effectuées vent arrière. Je les vies comme des moments de répits. Le bateau est poussé par le vent et les vagues. La situation est bien plus confortable… Sauf que dans cette configuration nous filons tout droit vers le cœur de la dépression… Chose que nous voulons éviter.
A combien souffle le vent ? Il n’y a pas d’anémomètre à bords mais au vu de l’état de la mer et des embruns soulevés, 35 à 40 nœuds en continu ne paraissent pas exagérés. Pour donner une idée, au cours de la manœuvre (la grande voile est à 3 ris et réglé pour le près), le bateau file à 7 nœuds…
Avec cette nouvelle configuration la vitesse du bateau est contrôlable et Tubuaï est toujours entre les étraves.
28/05 – Jour 12 (153 miles – S 23°24 – W 150°25)
Le gros de la tempête passe dans la nuit. Les vagues sont massives et remplissent régulièrement le cockpit situé à 3 mètres au dessus de l’eau. Le pont est balayé en permanence par les embruns, il est difficile de maintenir la tête à l’extérieur de la capote.
Le moteur étant allumé dans ma cabine, je m’installe dans le carré pour dormir, mais rapidement je préfère le ronronnement du moteur aux vagues se fracassant sous la plateforme.
Au moment de changement de quart, la météo est prise et indique que le vent va refuser et diminuer.
Au cours du quart, de long silence sont échangés tout juste troublé par les bip-bip du pilote… Il fait toujours aussi noir et l’impression de subir est toujours aussi forte. Les vagues remplissant le cockpit, nous réchauffe les pieds voir les mollets pour les plus grosses, car heureusement la température est agréable et la mer chaude…
De notre perchoir on a l’impression que le vent diminue, mais avec le levé jour et la vision de la mer nous nous ravisons… On doit pouvoir s’habituer à tout. Certaines vagues sont énormes, 5 mètres, peut-être plus, en tout cas c’est gros et puissant.
A 6 heures, Tubuaï est a 82,6 miles devant nous, cependant l’option grand voile à 3 ris plus moteur ce termine là par le réservoir est vide. Le moteur est éteint et la grand voile seule ne permet pas de conserver le bateau contrôlable. On se retrouve rapidement travers aux vagues, situation un peu anxiogène à mon goût. Le moteur bâbord ne nous étant pas utile dans cette configuration, un morceau de trinquette est renvoyé. Le vent refuse et des grains violents passent toujours régulièrement. Quant à l’état de la mer, après 48 heures de vents fort, autant parler de chantier post-apocalyptique.
Le meilleur cap que nous arrivons maintenant à tenir est 354° autant dire pas dans la direction de Tubuaï, mais celle de Rurutu. L’option est mise en cas de replis.
Dans la matinée, l’accalmie attendue est là. A 14 heures le journal de bord, peu bavard au cours des 2 derniers jours indique Vent de nord-est 20 nœuds et des vagues de 2 mètres… La grand voile est maintenant avec 2 ris et la trinquette entièrement déroulée.
29/05 – Jour 13 (110 miles – S 23°20 – W 149°28)
Pour la dernière nuit en mer, les quarts sont accomplis en solitaire, signe d’un retour à la vie normale.
Mon quart ne sera pas calme pour autant, la nuit est très noir et des grains accompagnés de pluies fortes. J’ai l’espoir d’une arrivée avec le pont rincé par la pluie, mais à partir du moment ou le bateau commence à passer au travers des vagues, je sais que les balais brosses seront de sortie.
L’empannage nous permettant de remonter le long du Tubuaï est réaliser vers 2h15 mais île reste invisible.
Dans l’aube pointant, une masse sombre apparaît au vent. Un dernier grain ? Non, il s’agit de Tubuaï et du Mont Taïtaa. La trinquette laisse la place au génois et 2 heures plus tard le cap est mis vers l’entrée du lagon et encore 2 heures plus tard nous sommes amarrés au ponton de Mataura avec l’aide de Roger qui comme sont nom ne l’indique pas est polynésien. Il nous apprend que notre pendule à 22 heures d’avance et que nous somme jour de pentecôte mais ce ne sera pas férié pour autant. Un gros travail de dessalage, rangement et lessive nous attend pour retrouver un bateau vivable.
Sur des traversés longues (+ de 8 jours) la météo peu réserver des surprises. Nous en avons eu une belle. Si sur le coup ça ne fesait rire personne, il est aujourd’hui un sacré souvenir. Nous avons été confronté à la nature dans ce qu’elle à de plus sauvage et même si le spectacle est effrayant il est aussi magnifique.
Et maintenant, on a tout loisir de profiter du Tubuaï.
SU-PER !!!!
Merci Fabien pour ce journal de bord. Fais toi des souvenirs hors-normes mon, engrange.
C’est énorme.
A bientôt.
Gros poutous.
Un Martin Rêveur
hihi, tu fais le retour avec le cata brise vagues et son aile de B52 ?
J’ai cru lire du Moitessier
Respect mon gros, et bon cabotage au paradis
Ce journal de bord nous a bien fait plaisir mais en lisant ces lignes nous voyons que c’est bien une page d’aventures vécues au fil des jours. Heureusement que le bateau semble solide car la mer ne l’a pas épargné. Enfin tout est bien et les photos spectaculaires, que de souvenirs pour toi.
Et maintenant nous sommes avides de tes prochaines nouvelles.
Grosses bises.
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